Par Dominique St-Jean, Directrice des femmes de l’AFPC-Québec
Ce samedi, 7 octobre 2017, les syndicats se mobiliseront pour souligner la Journée mondiale pour le travail décent (JMTD). Ce mouvement prend dorénavant une envergure mondiale et des centaines de syndicats s’uniront sous le slogan « Halte à la cupidité des entreprises ». Plusieurs événements seront organisés en Amérique, en Europe, en Océanie et même, nouvellement, en Afrique et dans certains pays d’Asie.
Parmi les principales demandes, nous retrouvons la fin du travail précaire, le traitement équitable des travailleurs et que cesse leur exploitation, peu importe leur provenance ou le type de travail concerné et enfin, la dénonciation de l’austérité.
« Une fois encore, la planète entendra les voix des travailleuses et des travailleurs à l’occasion de la Journée mondiale pour le travail décent. Cette année, le message général porte sur la cupidité des entreprises et le travail précaire auxquels il faut mettre un terme, ainsi que sur la promotion de la formalisation des emplois informels et des salaires minimums vitaux », citation de Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI-Centre de solidarité internationale.
Comprenons ici qu’il demeure important, voire vital contre l’effritement accéléré de la classe moyenne, de dénoncer les profits faramineux réalisés par de grandes sociétés multinationales qui se font presque systématiquement sur le dos des travailleurs de bonne foi. Ceux-ci se retrouvent malheureusement exploités et relégués au rang « d’esclaves » de la modernité et de l’industrialisation.
Dans le cas de ces mêmes multinationales, celles qui payent décemment leurs travailleurs et travailleuses, leurs profits se réalisent en exploitant à coûts dérisoires de précieuses matières premières qui sont soustraites à des collectivités et ce, sans grands bénéfices pour leur économie locale en les comparant, avec les coûts sociaux et environnementaux pris sur le dos des générations à venir.
On ne vit pas dans une république de bananes. Y a-t-il réellement, même ici au Canada, des inégalités déplorables et dignes de mention? À vous de juger (source Radio-Canada Économie) : Salaires de certains PDG en 2015 : Valeant, Michael Pearson : 182 902 189 $ (vraiment?? Il y a tellement de chiffres ici que je m’y perds!), Barrick Gold : 24 000 000 $, Manuvie, Donald Guloien : 15 613 519 $, Alimentation Couche-Tard, Brian Hannasch : 1 481 4716 $.
Les dirigeants des entreprises suivantes ne font pas partie des dix mieux payés au Canada : Banque Royale : 12 000 000 $, Financière Power : 7 800 000 $, Bombardier : 7 000 000 $.
Selon le Centre canadien des politiques alternatives, les cent dirigeants les mieux payés ont reçu en moyenne 9,5 millions de dollars en 2015, soit 193 fois le salaire moyen des Canadiens, qui s’est établi à 49 510 $.
Hugh Mackenzie, un économiste indépendant établi à Toronto qui a écrit le rapport sur les salaires, indique que « l’écart qui se creuse entre les salaires des principaux dirigeants et ce que les Canadiens moyens gagnent, il y a manifestement eu une explosion de la rémunération des hauts dirigeants au Canada et aux États-Unis. Et c’est un symbole puissant de la croissance des inégalités de revenus. Il y a 30 ans, ils engrangeaient 40 fois ce que le travailleur moyen gagnait en un an, poursuit-il. Maintenant, c’est 193 fois. Personne ne mérite de toucher autant d’argent. Je veux dire, c’est absurde », déplore M. Mackenzie.
Le fonctionnaire et le salarié moyen se sont appauvris dans les dix dernières années, si on tient compte de l’inflation, mais pas le haut gestionnaire moyen. Inéquitable, invraisemblable, absurde et insensé mais surtout INQUIÉTANT! Seules deux femmes figurent sur la liste des cent PDG les mieux payés, soit Linda Hasenfratz, de Linamar Corp. avec 14,2 millions de dollars, et Dawn Farrell, de TransAlta Corp. avec 4,5 millions de dollars. Que se passe-t-il, mesdames, on manque d’ambition ou de compétence? On manque d’estime de soi ou c’est réellement les phénomènes du plancher collant ou du plafond de verre qui nous affectent si clairement?
Voici l’exemple des femmes, mais on peut affirmer sans faire de grandes recherches élaborées que les autochtones, les membres affirmés de groupes LGBTQ, les gens vivant avec un handicap ou les nouveaux arrivants sont automatiquement disqualifiés de ces prestigieux palmarès. Je n’aime pas les chiffres, mais ceux-ci parlent d’eux-mêmes vous ne trouvez pas?
Certes, nos médecins spécialistes gagnent en moyenne 550 000 $; nos infirmières dans les échelons supérieurs, 80 000 $; les enseignantes, 60 000 $ et les éducatrices en garderie, 24 000 $. Un travailleur à temps plein au salaire minimum, autour de 16 000 $.
Les aînés ne recevant que les prestations de l’État, se retrouvent à peine au-dessus du seuil de faible revenu et au-dessus de 12 000 $ par an. Un adulte sans restriction sur l’aide sociale perçoit 623 $ mensuellement, soit 7 476 $ par an. Des chiffres plus décents et accessibles, mais qui traduisent aussi des inégalités marquées.
Peut-être votre idée se précise-t-elle : pauvreté, faible revenu et salaire décent. Le travail décent se base sur quatre piliers : la création d’emplois, la protection sociale, les droits syndicaux et le dialogue social. Depuis des décennies, le mouvement syndical défend les plus exploités et les plus vulnérables.
En cette Journée mondiale pour le travail décent, faisons toutes partie du dialogue social et agissons avec détermination pour construire un monde meilleur pour les travailleuses et leurs familles. Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), « l’autonomie économique des femmes améliore l’économie nationale, la productivité des ménages, le niveau de vie ». Unissons-nous pour dénoncer la cupidité des entreprises et réclamer un travail décent.
J’en profite pour vous inviter à vous joindre au mouvement demandant le salaire minimum à 15 $. Il y aura d’ailleurs une marche de 15 kilomètres le 15 octobre à Montréal pour le réclamer.
Suggestions de gazouillis (ou « tweets ») du mouvement
Les inégalités se creusent partout dans le monde. Les riches ont de plus en plus et les pauvres de moins en moins. #EndCorporateGreed #
Le modèle d’entreprise dominant aujourd’hui s’appuie sur les bas salaires. #EndCorporateGreed #
La voix d’une minorité est en train de noyer la voix d’une immense majorité. #EndCorporateGreed #