Un pompier de l’aéroport de Mirabel suspendu après avoir tenté de sauver une vie

Le 18 octobre dernier, au Complexe iCar de Mirabel, un homme a péri brûlé à l’intérieur de son véhicule qui venait de percuter violemment un muret après une perte de contrôle inexpliquée. Les pompiers de la Ville de Mirabel ont été appelés sur les lieux, mais lors de leur arrivée il était déjà trop tard.

Du côté de l’aéroport de Mirabel (Aéroports de Montréal, ADM), la direction a demandé à nos membres du Syndicat des pompiers d’Aéroports de Montréal, à proximité du Complexe iCar, de ne pas intervenir. Selon une nouvelle directive d’ADM datant de mai, les appels pour les pompiers de l’aéroport sont « filtrés ». Un appel de « courtoisie » a été acheminé aux pompiers de l’aéroport avec la directive de ne pas se rendre sur les lieux. Nos membres ont tout de même décidé de s’y rendre rapidement puisqu’une vie était en jeu et qu’ils respectaient quand même les temps de réponse requis en cas d’urgence sur les pistes. L’officier-pompier responsable a par la suite reçu une suspension pour insubordination et non-respect de la directive.

« Cette situation est complètement inacceptable. On parle ici de vies humaines et de responsabilité civile », s’indigne Yvon Barrière, vice-président exécutif régional de l’AFPC-Québec. « L’employeur réduit la valeur de pertes humaines à un chiffre dans un budget. »

La direction d’ADM dit vouloir prioriser la sécurité aérienne, les appels sur le territoire sont donc filtrés selon leur provenance. Cette procédure justifie les réductions d’effectifs. Nos membres pourraient souvent se rendre sur les lieux d’un incident en moins de 5 minutes alors que les pompiers de la Ville de Mirabel et les paramédics peuvent prendre de 15 à 20 minutes puisqu’ils ne sont pas sur le territoire aéroportuaire.

Il est à noter que les pompiers de l’aéroport de Mirabel ne sont maintenant que deux en devoir la plupart du temps. À cause de cette réduction d’effectifs, il devient difficile et même impossible d’assurer la protection du côté aérien avec les deux véhicules d’écrasement requis, en plus de couvrir les autres appels et obligations sur le territoire. 

« Depuis 2021, la direction d’ADM filtre également les appels d’assistance médicale même pour les passagers et membres d’équipage à l’aéroport de Mirabel. Elle demande aux pompiers d’intervenir seulement pour les employés d’ADM », s’insurge le Syndicat des pompiers des Aéroports de Montréal. « Les pompiers ne peuvent donc plus répondre aux assistances médicales des pilotes, des membres d’équipage et des passagers. Il en va de même pour les urgences au Centre de la petite enfance au coin de la rue où est située la caserne de l’aéroport. »

Ces coupures mettent en danger les pompiers et la population qui gravite autour de l’aéroport. Les budgets des services d’urgence en sont réduits à des miettes. La direction a retiré les trousses d’oxygénothérapie aux pompiers de l’aéroport de Mirabel en invoquant des motifs erronés. Malgré les demandes des pompiers, la direction d’ADM refuse de les remettre sur les véhicules. 

Pour le Syndicat des pompiers des Aéroports de Montréal, la situation est critique et ce n’est qu’une question de temps avant qu’une autre tragédie ne survienne. Le nombre de pompiers chez ADM aux aéroports de Dorval et de Mirabel est passé de 48 à 32 au cours des dernières années. Par ailleurs, la situation est similaire à l’aéroport de Dorval qui voit ses effectifs pompiers diminuer à l’occasion à quatre, voire trois pompiers en devoir pour un aéroport de 20 millions de passagers.