Le 15 février dernier, le Service de logement étudiant et d’hôtellerie de l’Université McGill a soudainement annoncé que le poste de responsable d’étage sera éliminé lors de la prochaine année universitaire et ne sera pas remplacé par une fonction équivalente. Ainsi, McGill sera l’une des rares universités nord‑américaines sans aucun système de soutien pour les étudiantes et étudiants en résidence et la première université à abolir un tel programme. Face à cette décision, nous sommes très inquiets pour la sécurité et le bien-être futurs de la population étudiante en résidence et pour la qualité de vie en résidence à McGill.
Les responsables d’étage, qui sont syndiqués avec le Syndicat des employé.e.s occassionel.le.s de l’Université McGill (SÉOUM), ont joué pendant des décennies un rôle fondamental de soutien pour les étudiantes et étudiants de première année en résidence. Ils sont le principal point de contact en cas de crise et aident les étudiantes et étudiants à composer avec la bureaucratie universitaire, les organismes gouvernementaux et les difficultés quotidiennes de la transition à la vie indépendante. Les responsables d’étage de McGill, grâce à leur soutien, à leur bienveillance et à leur dévouement indéfectible envers les résidentes et résidents, ont enrichi la vie de dizaines de milliers d’étudiantes et étudiants, de parents et de membres de la communauté universitaire. Leur rôle ne se limite pas à la planification d’activités, à la décoration des salles et à l’application des règlements. Ils s’assurent aussi que les étudiantes et étudiants sont en sécurité et à l’aise de demander de l’aide. Les responsables d’étage sont les premiers intervenants en cas de crises, grandes et petites. Les responsables d’étage sauvent des vies.
La décision d’abolir une unité de négociation entière, soit l’unité B du SÉOUM, qui représente 65 responsables d’étage, et de remplacer partiellement ces postes par des « animateurs et animatrices de la vie en résidence » non syndiqués est révélateur du peu de valeur que McGill accorde à ses effectifs syndiqués et aux énormes bienfaits qu’ils lui apportent. Pendant des décennies, les postes de responsable d’étage ont été pour leurs titulaires un fantastique moyen de combiner travail et études, permettant à beaucoup de faire leurs études sans s’endetter, d’acquérir des compétences professionnelles et de redonner à la communauté universitaire. Compte tenu de la hausse du coût de la vie, il est clair que l’abolissement du rôle de responsable d’étage ne fera que rendre McGill de moins en moins accessible aux personnes qui ne bénéficient pas d’une aide financière externe.
La décision d’abolir le poste de responsable d’étage a été prise unilatéralement sans aucune consultation avec les responsables d’étage, les étudiantes et étudiants qu’ils soutiennent ou les nombreuses autres personnes qui travaillent dans les résidences étudiantes. Plusieurs personnes qui vivront une période de crise ne pourront pas avoir accès aux services de soutien de l’Université sans l’accompagnement d’un ou d’une responsable d’étage. Il est ni réaliste ni acceptable de demander à une personne en première année et en difficulté de trouver seule de l’aide dans un système bureaucratique et technique complexe qui lui demande d’entrer des identifiants et de vérifier son courriel pour obtenir un rendez-vous virtuel avec un thérapeute qui a une liste d’attente d’au moins deux semaines. Voilà le genre de service qui attend les étudiantes et étudiants à l’automne 2024 en raison de l’abolition des postes de responsables d’étage. Les résidentes et résidents ont besoin du soutien immédiat, flexible et personnel que seuls les responsables d’étage peuvent offrir et ils méritent de bénéficier d’un tel soutien. Les étudiantes et étudiants en résidence, les parents et les membres de la communauté savent d’expérience que les agents de sécurité, les préposés à l’accueil et les bureaux anonymes de services aux étudiants ne peuvent pas remplacer le travail de soutien direct et personnel des responsables d’étage.
Dans les 24 heures qui ont suivi l’annonce de McGill, des centaines d’étudiantes et étudiants, parents et membres du personnel de McGill ont exprimé leur opposition à la décision de l’Université au moyen d’un sondage publié par le SÉOUM. Les réponses au sondage ont mis en lumière les importantes répercussions qu’aurait l’abolissement des postes de responsable d’étage sur la communauté d’étudiante. Si vous ou une personne proche de vous avez déjà bénéficié des bons services d’un ou d’une responsable d’étage, nous vous invitons à faire connaître vos expériences. Faites circuler la présente lettre le plus largement possible et contactez le Service de logement étudiant et d’hôtellerie pour l’exhorter à reconsidérer sa décision.
Nous implorons l’Université McGill d’écouter les centaines de voix d’étudiantes et étudiants, de parents, de membres du personnel et d’autres gens de la grande communauté de McGill et de revenir sur sa décision. Pour préserver les liens durables que les responsables d’étage ont créés pour le bénéfice de l’esprit communautaire, de la sécurité et du soutien mutuel, McGill doit reconnaître la valeur que les responsables d’étage apportent à son institution et au-delà.