Par Huguette Breton, Directrice des femmes de l’AFPC-Québec
Que Monsieur Trudeau veuille faire preuve d’ouverture envers toutes les communautés qui forment le Canada, c’est louable;
qu‘il veuille jeter des ponts entre les communautés musulmane et chrétienne, c’est déjà plus délicat, la religion faisant, en principe, partie du domaine privé;
qu’il promeuve la bonne entente et le respect entre tous les canadiens, cela fait partie de son rôle.
Il aurait cependant eu intérêt à le faire de manière plus judicieuse qu’en se rendant avec des ministres et députées féminines dans une mosquée où se pratique la ségrégation des sexes, comme il l’a fait en visitant à la Mosquée d’Ottawa le 12 septembre dernier.
Qu’on respecte les coutumes du lieu où l’on se présente, soit, mais on peut choisir ce lieu. Que des femmes qui représentent l’État soient, dans leur propre pays, traitées en citoyennes de seconde zone a de quoi laisser perplexe. Il est plutôt choquant pour les femmes de ce pays, qui ont conquis leur droit de haute lutte, de voir cautionner cette forme de discrimination. Jusqu’où ira-t-on dans le respect des coutumes de tout un chacun?
Monsieur Trudeau n’est pas un citoyen ordinaire. Il représente le Canada. Ses gestes ont une portée qui va au-delà de ceux d’un simple quidam. Aller dans un lieu de culte où se pratique la ségrégation a une dimension symbolique et ouvre la porte à une polémique qui va à l’encontre de l’ouverture qu’il souhaite prôner.
De manière générale, les musulmans au Canada souhaitent vivre en harmonie avec leurs voisins et sont des gens sans histoire. Ils sont souvent les premiers à subir l’ostracisme consécutif aux actes commis par certains djihadistes. Leur montrer qu’ils « font partie de la gang » est une bonne idée, mais il y a des manières de le faire, telles que participer à des activités culturelles, des festivals ou autre, qui, tout aussi efficaces, susciteraient moins de remous.