Par Geneviève Malouin-Rivard
C’est en 1997 que les centres de la petite enfance (CPE), tels que nous les connaissons aujourd’hui, ont vu le jour grâce à une initiative du Parti Québécois au pouvoir à l’époque. L’objectif était de miser sur un environnement permettant l’éducation et la socialisation des jeunes enfants.
C’est d’ailleurs cette visée qui fonde, encore à ce jour, la qualité du service des CPE. Selon une étude[1], ce volet pédagogique appliqué dans nos garderies subventionnées crée une continuité éducative avec la maternelle qui non seulement aide l’enfant à développer une attitude positive face à l’école, mais aussi aide à diminuer les risques de problèmes d’adaptation.
Ce précieux acquis a depuis rendu accessible un service de garderie inestimable à la population québécoise. Il s’agit de ce même acquis, unique au pays, auquel les différents gouvernements libéraux s’attaquent insidieusement.
Remontons quelques années en arrière pour constater ce sabotage : les années 2003, 2004 et 2005 ont été fortement marquées par d’importantes compressions budgétaires à l’endroit des CPE. Le coup fatal a été porté en 2005 avec le projet de loi 124. Dans un communiqué de presse de l’époque, la Coalition pour le maintien et la consolidation du réseau des centres de la petite enfance dénonçait la pratique antidémocratique du gouvernement libéral. Ce dernier a adopté la loi 124 dans la précipitation et sans aucune intention de collaborer avec les acteurs du milieu.
Concrètement, le projet de loi visait la restructuration administrative du réseau des CPE. Or, en plus de briser le lien de proximité qui existait entre les centres, cette nouvelle mégastructure a eu comme impact direct un amoindrissement des ressources financières pour les services au soutien pédagogique au profit d’une surveillance accrue. Autrement dit, la loi 124 a fortement menacé ce qui constituait la qualité même des CPE : leur valeur éducative.
Le gouvernement libéral actuellement au pouvoir continue cette pernicieuse mise à mal des CPE. Un examen scrupuleux du budget Leitão révèle la volonté du gouvernement d’encourager la privatisation des services. En bonifiant le crédit d’impôt remboursable pour les frais de garde, le gouvernement subventionne, de manière dissimulée, un réseau de garderies privées.
Cet incitatif du Parti libéral est d’autant plus efficace que les CPE ne suffisent plus à la demande. De 2008 à 2016, l’évolution du nombre de places dans les garderies privées non subventionnées a connu une hausse colossale. On est passé de 4 751 places à 55 256, soit une augmentation de 1128 %, alors que les CPE n’ont joui que d’un maigre 21 %.
L’addition de ces décisions politiques brosse un portrait précaire de l’avenir des CPE. En coupant son financement de plusieurs millions de dollars, en attaquant sa structure administrative et en soutenant le secteur privé, les gouvernements libéraux de Charest et de Couillard ont mis en péril un précieux capital québécois.
Rappelons que l’étude Grandir en qualité 2014 a déterminé que la qualité des CPE est incomparable aux autres services de garde. En permettant concrètement la réussite scolaire et sociale des jeunes enfants, les centres de la petite enfance participent à réduire les inégalités. En effet, ils représentent de véritables leviers afin de combler de possibles lacunes dans le développement des enfants issus de milieux défavorisés.
Les personnes qui œuvrent chaque jour à éduquer la jeunesse sont des éducatrices et des éducateurs qualifiés. Leur travail quotidien réduit considérablement la charge des parents et il mérite reconnaissance. Les CPE sont d’ailleurs les garderies où les meilleures conditions de travail sont offertes. Les centres de la petite enfance contribuent ainsi à fournir des emplois de qualité pour celles et ceux qui façonnent les futures générations.
En somme, les CPE sont le résultat du progrès réalisé au Québec en matière d’économie sociale. Ils permettent la démocratisation d’une éducation de qualité pour les enfants de toutes les classes confondues. De plus, ils favorisent la prospérité économique de la province. Alors, dans quel intérêt sont prises les initiatives du Parti libéral du Québec? Certainement pas dans l’intérêt de la population.
Le comble de l’ironie : c’est cet acquis menacé qui est présenté comme modèle à imiter dans les autres provinces canadiennes. Le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, a récemment présenté les CPE comme source d’enrichissement. En effet, notre modèle de garderie à faible coût permet de stimuler le marché du travail et d’y laisser une plus large place aux femmes. L’intégration de nouvelles personnes sur le marché de l’emploi est synonyme de croissance économique. Collectivement, nous bénéficions tous de la pérennité des CPE.
Sachant cela, l’AFPC a entrepris une campagne visant à protéger cette création du génie québécois contre les pernicieuses politiques du gouvernement libéral. Pour ce faire, nous avons réalisé une recherche factuelle pour faire connaitre la qualité, mise en péril, des CPE.
CONSULTEZ LA RECHERCHE DE L’AFPC
[1] Gagnon, Marianne. Le discours politique du MELS et du MFACS et des orientations ministérielles (mémoire de maîtrise), Université du Québec à Rimouski, 2006.